L'un des plus grands défis de la recherche et du développement agricoles consiste à nourrir la population mondiale croissante - qui devrait atteindre 8.5 milliards d'ici 2030 – alors que les rendements des récoltes sont de plus en plus menacés par le changement climatique. La plupart de l'attention portée à ce défi se concentre sur l'amélioration de la production, pourtant la réduction des pertes post-récolte représente un moyen important pour augmenter la disponibilité alimentaire et pour assurer la subsistance des paysans, sans que des ressources productives supplémentaires ne soient nécessaires. Outre le fait que les pertes post-récolte limitent la quantité des aliments consommables, les pertes peuvent réduire la productivité de l'exploitation agricole vu qu'elles représentent un gaspillage de ressources productives et provoquent l'expansion dans des milieux écologiques fragiles. Selon APHLIS, les pertes post-récolte sont un problème particulièrement grave en Afrique subsaharienne, où près de 50 % de la production agricole peut être perdue avant que les produits parviennent au consommateur. Avec une valeur estimée à 4 milliards d'US$ par an, ces pertes menacent la sécurité alimentaire et la subsistance de millions d'habitants.
C'est certainement le cas au niveau politique, où des efforts pour limiter les pertes post-récolte ont été faits depuis 1974, date de la première Conférence mondiale de l'alimentation lors de laquelle l'élimination des pertes a été identifiée comme partie de la solution contre la faim dans le monde. En 1975, l'Assemblée générale des Nations Unies s'était fixé pour objectif une réduction des pertes post-récolte d'au moins 50 % jusque 1985. Plus récemment, la Déclaration de Malabo sur l'agriculture et les pertes post-récolte engage les chefs d'état et gouvernements de l'Union Africaine à réduire à la moitié les niveaux actuels des pertes post-récolte d'ici 2025. Ni l'une ni l'autre ne fait explicitement référence au rôle potentiel que les femmes pourraient jouer dans la réalisation de ces objectifs. Les engagements de 1974 n'ont pas été satisfaits, et il ne semble pas probable que la plupart des pays africains soient en mesure de répondre à leur engagement prévu par la déclaration de Malabo.
Au niveau du terrain, les efforts de réduction des pertes post-récolte ont eu tendance à se concentrer sur des solutions technologiques que les femmes n'ont potentiellement pas l'occasion ou les moyens d'utiliser. Les femmes ont généralement plus de difficultés que les hommes à accéder aux ressources productives ainsi qu'aux marchés. Il leur manque par exemple l'accès aux crédits et aux informations nécessaires pour effectuer efficacement leurs tâches. Les services de vulgarisation sont essentiels pour la diffusion de nouvelles technologies et de bonnes pratiques agricoles, mais souvent ne prennent pas en compte que, pour atteindre les femmes paysannes, il faut bien comprendre leurs besoins et leurs rôles spécifiques, leurs contraintes temporelles et l'acceptabilité culturelle de leur interaction avec des agents de vulgarisation masculins.
Une étude bibliographique récente sur les pertes post-récolte en Afrique subsaharienne a révélé que moins de 1,5 % des documents analysés (3 sur 213) examinaient les questions de genre, ce qui indique que malheureusement il y a trop peu de recherche dans ce domaine 1. Sur une note positive, l'importance de la contribution des femmes à l'agriculture ainsi que les contraintes spécifiques au sexe qui limitent leur contribution à la productivité agricole, la croissance économique et la sécurité alimentaire attirent de plus en plus l'attention de la science et des politiques.
La réduction des pertes post-récolte demande des investissements et des politiques agricoles ciblés qui à leur tour exigent la compréhension des causes et des effets des pertes. La reconnaissance des aspects sociaux et liés au genre sera particulièrement importante. Une analyse des questions de genre dans la chaîne de valeur alimentaire nous permet de voir les causes fondamentales des pertes alimentaires d'un point de vue général. Cela fournit une connaissance détaillée des activités post-récolte qui sont dominées par les hommes par rapport à celles dominées par les femmes. Et cela nous permet également de comprendre les différences entre hommes et femmes en termes de leur accès aux ressources et services, de normes et de valeurs, et de leur voix et leur influence sur la prise de décision dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire. Les différents rôles productifs des hommes et des femmes affectent leur accès aux ressources productives, aux technologies et aux services, ainsi que le font leur statut social et leurs relations de pouvoir. Il sera certainement plus facile d'aborder les pertes une fois qu'on aura compris où les activités générant des pertes ont lieu et qui les gère. Si par exemple une activité identifiée comme génératrice des pertes est principalement gérée par des femmes, il pourrait y avoir des causes reliées au genre ce qui exigerait des solutions prenant en compte les questions de genre. L'investissement dans les femmes en tant que productrices, transformatrices et marchandes de produits alimentaires permettra de réduire les pertes alimentaires post-récolte, tout en donnant aux femmes les moyens économiques pour subvenir à leurs propres besoins, à ceux de leurs familles et de la communauté.
1 Affognon, H., Mutungi, C., Sanginga, P., & Borgemeister, C. (2015). Unpacking Postharvest Losses in Sub-Saharan Africa: A Meta-Analysis. World Development, 66, 49-68. doi:10.1016/j.worlddev.2014.08.002.
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