La réduction des pertes post-récolte va être essentielle pour nourrir le monde, face au climat changeant. En même temps, le changement climatique crée des conditions qui amplifieraient même le défi des pertes post-récolte.
Un des enjeux majeurs du 21ème siècle est d'assurer durablement l'alimentation d'une population humaine croissante, notamment face au changement climatique. En 2050, nous devrons nourrir deux milliards d'habitants de plus qu'aujourd'hui, la plupart d'entre eux dans des pays en développement. Pour réussir, il faudra augmenter la production alimentaire de 60%.
Jusqu'à présent, la réponse politique consiste principalement à augmenter les rendements agricoles en améliorant la gestion des intrants et en introduisant de nouvelles variétés à haut rendement. Il ne sera toutefois pas toujours possible d'augmenter considérablement le rendement à tout endroit, surtout compte tenu du changement climatique et des ressources terrestres et aquatiques déjà dégradées.
Une solution raisonnable est de réduire les pertes post-récolte.
Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), environ un tiers de la production alimentaire totale mondiale est perdu ou gaspillé. Ceci correspond à des coûts d''environ US$ 2.6 billions par année, y compris US$ 700 milliards en coûts environnementaux et US$ 900 milliards en coûts sociaux. En Afrique subsaharienne, les pertes post-récolte céréalières annuelles correspondent à US$4 milliards ce qui excède la valeur de l'aide alimentaire totale apportée à cette région au cours de la décennie passée.
Les pertes post-récolte peuvent avoir lieu à chaque étape de la chaîne de valeur, au niveau du stockage (à la ferme ou au marché), de la transformation (battage, vannage, séchage) ou du transport du champ à la ferme ou de la ferme au marché. Ces pertes réduisent la quantité de nourriture disponible, augmentant ainsi les prix tout en baissant le revenu du producteur. Les pertes post-récolte gaspillent en outre les ressources utilisées en premier lieu dans la production des aliments perdus (p.ex. engrais, eau d'irrigation et main-d'œuvre humaine). Sur chaque $1 investi dans l'amélioration des rendements, $0.19 sont perdus en raison de pratiques post-récolte inadéquates.
Il est très probable que le changement climatique a des répercussions importantes sur la productivité agricole, les pertes post-récolte et les chaînes de valeur. Le changement climatique affecte la productivité agricole directement - en modifiant les conditions agroécologiques (sécheresse, variabilité des précipitations, événement météorologiques extrêmes) - et indirectement, en donnant lieu à de nouvelles maladies et de nouveaux 'organismes nuisibles. De plus, la température moyenne à la surface de la planète ainsi que la concentration de gaz carbonique dans l'atmosphère continuent d'augmenter ce qui, par conséquent, causera davantage de pertes de terres productives et davantage de réduction en productivité agricole.
Les aflatoxines sont des substances cancérogènes qui affectent une multitude de cultures en pays tropicaux et subtropicaux, où les températures et l'humidité sont élevées. Les toxines sont sécrétées par des moisissures dont l'infestation peut avoir lieu sur le champ ou après la récolte, si le produit n'est pas stocké convenablement. Aujourd'hui environ 4.5 milliards de personnes sont touchés par les aflatoxines à l'échelle mondiale. Près de 30% des cas de cancer du foie sont directement associés à la consommation d'aliments contaminés. En combinaison avec une alimentation insuffisante, les aflatoxines peuvent contribuer à une croissance retardée et nuire au système immunitaire des enfants. Selon la FAO, 25% des cultures alimentaires du monde sont affectées de mycotoxines, en particulier d'aflatoxines, ce qui entraîne des pertes correspondant à des milliards de dollars. Cet effet va encore s'amplifier, car l'augmentation attendue de l'humidité en zones de climat sec auparavant, et les irrégularités météorologiques de plus en plus fréquentes vont propulser la propagation du poison.
Les pertes et le gaspillage alimentaire sont responsables de l'émission de 4.4 gigatonnes de gaz à effet de serre (GES) par année ; ce chiffre comprend les émissions agricoles au niveau des exploitations ainsi que l'énergie utilisée dans la production, le transport et le stockage des aliments qui finalement sont perdus ou gaspillés. Si on comptait les pertes et le gaspillage alimentaire comme un pays, ce pays occuperait la troisième place des émetteurs à l'échelle mondiale, juste après la Chine et les États-Unis.
Bien que la viande ne représente qu'une petite part du gaspillage alimentaire mondial en terme de volume (moins de 5%), elle a pourtant un impact considérable sur le changement climatique, vu qu'elle contribue à plus de 20% de l'empreinte carbone du gaspillage alimentaire total. Ceci est dû au fait que l'empreinte carbone de la viande inclut les émissions de la production (p.ex méthane émis par les ruminants), les émissions liées à l'alimentation animale (p.ex. engrais pour la production du fourrage) et celles liées à la gestion du fumier. Les efforts de réduire les GES associés au gaspillage alimentaire devraient donc se concentrer sur la viande et les produits laitiers tout autant que sur les fruits, légumes et céréales qui sont très sensibles aux pertes post-récolte.
La perte post-récolte peut être réduite considérablement au moyen d'investissements ciblés dans la conception technologique et le renforcement des capacités. En Afrique sub-saharienne, l'une des régions les plus pauvres et plus vulnérables en termes d'alimentation, la Banque Mondiale estime qu'une réduction des pertes post-récolte de seulement 1% pourrait apporter des gains économiques de 40 millions de dollars chaque année. La plupart de ces bénéfices économiques reviendraient directement aux petites exploitations agricoles.
Les mesures prises pour une réduction des pertes alimentaires ont aussi le potentiel de renforcer la résilience climatique. Dans des conditions améliorées de stockage ou de réfrigération, par exemple, la vulnérabilité à la chaleur ou aux infestations des produits récoltés peut être réduite et les éléments nutritifs peuvent mieux être conservés - surtout au niveau des fruits et légumes facilement périssables. L'amélioration des techniques de transformation aide non seulement à réduire les pertes post-récolte mais permet aussi aux agriculteurs de produire en meilleure qualité, d'exploiter de nouveaux marchés et d'augmenter leur revenus.
La réduction des pertes post-récolte exige des données fiables en terme de où, quand, pourquoi et à quel niveau les pertes se manifestent, pour livrer des informations à ceux qui décident des investissements en programmes de réduction des pertes. Pourtant ces données sont rares dans les pays en développement ; par conséquent il y a encore peu de connaissance de l'impact des pertes sur la productivité et le bien-être des petits exploitants ainsi que des bénéfices que des interventions de réduction de pertes pourraient apporter.
APHLIS propose des estimations de pertes post-récolte en Afrique, fondées sur des études de recherche, y compris les dimensions nutritionnelle et économique des pertes. APHLIS calcule des estimations des pertes annuelles au niveau provincial, national et régional, pour les cultures céréalières, légumineuses, racines & tubercules. Ces informations sont librement accessibles sur le site web APHLIS.
Il est nécessaire de comprendre l'ampleur des pertes post-récolte, de savoir où et pourquoi les pertes se produisent avec quelles répercussions, pour guider l'agenda de recherche post-récolte et pour soutenir les chercheurs dans l'évaluation de l'impact des efforts de réduction. Ceci permet aux décideurs d' établir une politique efficace et d' investir dans des programmes à succès contre les pertes post-récolte.
APHLIS combine la recherche scientifique et la collection de données de terrain par l'intermédiaire d'un réseau d'experts agricoles. Cette approche garantit des estimations de pertes transparentes, précises, à un coût relativement bas.
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