Les pertes post-récolte se produisent à chaque étape de la chaîne de valeur post-récolte, à partir de la récolte jusqu'au stockage et la commercialisation. Les estimations post-récolte d'APHLIS peuvent être affichées ou par étape de la chaîne de valeur ou comme perte cumulée pour la chaîne de valeur entière (n.b.: quand une étape a des pertes, le pourcentage des pertes à l'étape suivante se calcule par rapport à ce qui reste, et non par rapport au montant d'origine).
Les pertes sont affichées sous forme de la mesure sélectionnée (c.-à.-d. Pourcentage (%), Perte de poids sec (t), Valeur financière des pertes (USD)) pour chacune des étapes de la chaîne de valeur post-récolte prises en compte par APHLIS (c.-à.-d. Moisson/ séchage sur le champ, Transport du champ, Séchage ultérieur, Battage et égrenage, Vannage, Stockage au ménage, Transport au marché, Stockage au marché).
En cliquant sur un chiffre de perte, vous afficherez un pop-up qui répertorie les documents de référence scientifiques à partir desquels les chiffres de pertes mesurés ont été extraits pour calculer l'estimation de perte en question. L'ensemble des données contextuelles (Quantité produite, Temps pluvieux à la récolte, Pourcentage commercialisé dans les 3 premiers mois après la récolte, Durée du stockage à la ferme, et présence de certains ravageurs) utilisées pour contextualiser le profil des pertes pour chaque année peut être affiché en cliquant sur l'onglet "Données contextuelles" au côté droit de l'écran
Les profils de pertes post-récolte (PHL profiles) quantifient les pertes attendues – en pourcentage – pour chaque étape de la chaîne de valeur post-récolte, de la moisson au stockage et jusqu'à la commercialisation. Ces données de pertes sont tirées de la littérature scientifique et ventilées par culture, type d'exploitation et type de climat (d'après la classification climatique de Köppen-Geiger). Ces profils fournissent des chiffres de pertes en pourcent pour les différentes cultures au long de la chaîne de valeur dans des conditions variables et sont mis à jour à mesure que de nouvelles recherches sont disponibles.
Pourcentage perdu du poids (%) le pourcentage cumulé des pertes de poids par rapport à la quantité produite de graines prêtes à consommer, lors de la récolte, du séchage, des opérations de manutention (battage, égrenage, vannage), du stockage au ménage, du transport et du stockage au marché pour la combinaison sélectionnée de l'endroit, la culture et l'année.
Perte de poids sec (t) il s'agit de la ‘perte absolue de poids sec (en tonnes)’ ayant eu lieu après la récolte pour la culture, l'endroit et l'année sélectionnés. Elle se calcule en multipliant l'estimation APHLIS des pertes exprimées en pourcentage par les chiffre de production annuelle pour la culture, l'endroit et l'année spécifiés. On l'appelle perte de poids sec parce que cette mesure reflète la perte de poids au niveau des cultures focales céréalières et légumineuses en état séché.
La Valeur financière des pertes (USD) exprime la valeur des pertes post-récolte en USD. Elle se calcule en multipliant l'estimation APHLIS des pertes exprimées en pourcentage par les chiffres de production annuelle et par le prix (USD actuel) pour la culture, l'endroit et l'année spécifiés.
Au niveau des petits exploitants en Afrique, la moisson se fait presque toujours à la main. Les pertes se produisant durant la moisson ont deux raisons :
La dispersion des grains (ou la brisure si le grain tombe de l'épi) due à la combinaison de la méthode de moisson, du type et de la variété de la culture ainsi que de sa maturité
Le grain qui n'est pas récolté, qui reste donc sur la plante
Les cultures qui ne sont pas récoltées à temps subissent des pertes par dispersion bien plus importantes. Aussi peuvent-elles être sujet à des pertes en raison d'attaques d'oiseaux - qui peuvent être estimées séparément en déterminant le poids des grains manquant dans les panicules ou épis au moment de la récolte. Pour faciliter un séchage supplémentaire, les cultures peuvent être empilées ou ‘mises en meule’ dans le champ ; durant cette période, davantage de pertes peuvent se produire suite à davantage de dispersion de grains et,ou d'attaques de ravageurs (insectes, rongeurs et oiseaux).
Les pertes peuvent être mesurées en délimitant un certain nombre de parcelles par champ avant la récolte principale : sur ces parcelles, les grains sont récoltés préalablement et pesés, ensuite les grains perdus pendant la récolte sur ces parcelles sont minutieusement ramassés et également pesés, et finalement - à l'aide de bâches posées sous les gerbes/meules - la masse des grains dispersés par rapport à celle des grains restant sur les tiges empilées est calculée.
Séchage ultérieur
Avant le battage, les grains peuvent être soumis à un séchage supplémentaire dans et autour de la ferme. Les épis peuvent être suspendus sur des supports, étalés sur des nattes / bâches sur le sol ou une surface pavée de la cour ou alors sur des plateformes spéciales de séchage ou dans des greniers de séchage. Après le battage & égrenage, le grain peut également être séché, typiquement en l'étalant sur le sol ou une surface pavée de la cour ou sur une toile / bâche en plastique, et en le retournant de temps en temps. La durée de ces étapes de séchage supplémentaire peut varier d'un jour à plusieurs mois.
Les pertes pendant le séchage peuvent être provoquées par la consommation et l'endommagement des grains par le bétail, des animaux sauvages, des rongeurs, des insectes ou des moisissures. En cas de séchage supplémentaire prolongé sur une période de plusieurs mois, il s'agit effectivement d'une situation de stockage qui permet de déterminer les pertes de différentes manières : on peut se servir d'échelles visuelles pour estimer les pertes dues à la biodétérioration, tandis que l'utilisation de bâches et du glanage permet de ramasser les grains dispersés/ brisés et de faire une pesée avant/après pour de petites quantités. Bien que les changements de poids dus à la réduction de la teneur en humidité du grain lors du séchage ne soient pas classés comme pertes, l'enregistrement de la teneur en humidité du grain au départ et à la fin de l'étape de séchage permet d'ajuster les poids au niveau d'humidité standard.
Battage et égrenage
Le battage ou l'égrenage est le processus par lequel le grain est détaché de l'épi, de la panicule, ou de la cosse. Il peut s'effectuer à la main, en battant la plante avec un bâton, en battant la plante contre une plateforme ou à l'aide d'une machine de battage/égrenage manuelle ou mécanique. Les pertes se produisant durant le battage peuvent avoir les raisons suivantes :
Le battage est incomplet (une partie des grains reste attachée aux épis)
Les grains sont dispersés ou éparpillés
Les grains sont endommagés au cours du battage
L'évaluation des pertes peut se faire à l'aide de bâches / de glanage pour ramasser les grains dispersés ou brisés et ensuite comparer leur masse à celle de la partie battue des grains.
Vannage
Le vannage sert à nettoyer le grain battu en le séparant de ses enveloppes (résidus de balle ou de cosses) et des impuretés (cailloux, etc.). Le vannage s'effectue typiquement à la main à l'aide d'un plateau/ d'une corbeille (van) avec lequel le grain est lancé à l'air ce qui permet au vent d'emporter les enveloppes et impuretés les plus légères. Une perte de grains peut survenir suite à la dispersion pendant les opérations de vannage.
L'évaluation des pertes peut se faire à l'aide de bâches et, ou de glanage pour ramasser les grains dispersés et ensuite comparer leur masse à celle de la partie vannée des grains.
Transport du champ et transport au marché
Différents moyens de transport sont utilisés pour transporter le grain du champ à la ferme ou de la ferme au marché. Le mode de transport dépend généralement de la quantité à transporter, des normes qu'impliquent les rôles de genre, de la distance et de la situation socio-économique du ménage. De petites quantités sont fréquemment transportées sur la tête en particulier par les femmes ; des ouvriers peuvent être embauchés pour aider à la moisson et ensuite transporter la récolte sur la tête. Le vélo, la moto et la charrette tirée par un bœuf ou un âne sont d'autres moyens de transport couramment utilisés, souvent payés en nature.
La mesure des pertes ayant lieu pendant le transport exige une collecte minutieuse de tout grain dispersé pendant le trajet, ou alors la pesée des sacs de grain aux deux extrémités géographiques du processus de transport. L'option la plus simple est probablement de peser au début et à la fin, à condition que des balances précises et la main-d'œuvre soient disponibles. En cas de transport assez rapide (p.ex. dans un délai de 24h), un ajustement relatif au changement de la teneur en humidité ne sera normalement pas nécessaire. En cas de durée plus longue, les poids avant et après le transport devront être ajustés à la teneur en humidité standard.
Stockage au ménage
Une fois que le grain est suffisamment sec, il est soit stocké pour l'approvisionnement du ménage ou une vente ultérieure, soit il est commercialisé directement. La durée du stockage peut aller de quelques semaines à 10-12 mois. Il y a de nombreuses options de stockage au niveau du ménage en ce qui concerne le choix du récipient et de l'agent protecteur afin de réduire l'incidence d'attaques de ravageurs (insectes, rongeurs, moisissures, oiseaux) pendant la période de stockage. Un bon stockage maintient la quantité ainsi que la qualité du grain tout en évitant les dégâts.
Les pertes se produisant durant le stockage sont principalement dues à la biodétérioration ;
normalement par les ravageurs (insectes, rongeurs, ou dans certains cas oiseaux)
potentiellement aussi par les moisissures - si le grain n'a pas bien été séché avant le stockage, ou si la structure de stockage ne permet pas de protection adéquate contre la pluie ou l'humidité, des pertes dues aux moisissures sont possibles.
L'évaluation des pertes à plusieurs intervalles pendant la période de stockage peut se faire à l'aide d'échelles visuelles. Une autre méthode est de séparer les grains endommagés de ceux qui sont intacts pour ensuite compter et peser les deux fractions afin de calculer le pourcentage des pertes de poids. Ou alors, si physiquement possible, le grain se pèse au début et à la fin du stockage et les poids sont ajustés à une teneur en humidité standard selon les besoins. Quelle que soit la méthode utilisée, il est important d'enregistrer tout retrait de grain effectué par la famille pour la consommation ou pour la vente pendant la période de stockage et de prélever des échantillons du produit stocké pour l'évaluation des pertes.
Stockage au marché
L'évaluation des pertes de grain peut être difficile aux endroits où les paysans, groupes et coopératives rassemblent leur grain ou dans les marchés ou grands magasins. Il y a ici d'habitude deux sources de pertes : le grain rejeté lors du tri/conditionnement et les pertes causées par la biodétérioration (insectes), des fuites d'eau dans le magasin, etc. Le tri/conditionnement du grain se fait pour élever la qualité du grain à un niveau suffisant pour la commercialisation, normalement pour être conforme à un degré de qualité spécifié par la norme commerciale formelle. Ce tri peut mener à des pertes considérables, vu que le grain éliminé dans ce processus n'est souvent pas propre à la consommation humaine. Bien que les dégâts de ces grains se soient propagés au cours des étapes antérieures de la chaîne de valeur post-récolte, c'est à ce stade que se manifeste effectivement la perte de poids.